Origine du nom
Selon certains auteurs espagnols, l'origine du nom n'à pu être découverte. Selon d'autres elle pourrait provenir de la bourgade de Vargas ou Bargas près de Tolède. Notons en passant que dans les provinces andalouses et du Levante le B et le V ont une prononciation presque identique, d'où les deux orthographes du mot.
Le bargueno est donc un cabinet espagnol mauresque dont le nom fait référence à Bargas, village situé près de Tolède, qui était un centre important de marqueterie aux XVI ème et XVII ème siècles. Sa forme est celle d’un coffre muni d’un abattant à l’avant et placé sur un piètement. L’intérieur s’organise autour de nombreux tiroirs décorés.
Le bargueno est l’escritorio espagnol dont la double fonction est d’être écritoire portatif mais aussi coffret à documents. La civilisation islamique présente jusqu’au XV ème siècle en Espagne va contribuer à la diffusion de ces premiers cabinets. Il apparaît ainsi comme le meuble le plus fréquent jusqu’à la Renaissance car il se déplace facilement à une époque où les pèlerinages, les croisades, le commerce ou les guerres rendent nécessaires de longs voyages. Aux XII ème et XIII ème siècles, l’Espagne et Venise deviennent des foyers de rencontre entre l’Occident et l’Orient grâce aux croisades. Les influences s’entremêlent, le bargueno en porte les marques dans le raffinement de l’exécution de sa forme et de son décor. Ainsi les nombreux tiroirs de dimension variable sont dissimulés derrière un abattant fermé à clé qui, une fois ouvert, sert d’écritoire. L’abattant ouvert repose sur des tirettes au motif de coquilles en souvenir des coffres portatifs des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Fermé, il est maintenu par d’importants loquets et ferrures massifs qui sont en eux-mêmes des éléments décoratifs majeurs et dont le travail est inspiré de l’artisanat proche-oriental.
D’extérieur, le bargueno est de construction simple : une forme parallélépipédique aux arêtes nettes. De ces lignes rigides se dégage sa beauté : pureté des lignes et matériaux massifs. Les panneaux de bois du bâti sont en chêne massif, châtaignier et plus souvent encore en noyer.
Etant un coffre portatif, il est posé sur un piétement à arcatures (combiné parfois avec du fer forgé) appelé pie de puente ou directement sur un coffre bas à tiroirs. Des sculptures, des colonnes embellissent les pieds et ce d’autant plus que l’on approche le XVII ème siècle baroque. Beaucoup de barguenos n’ont plus leur piétement d’origine car on se contentait le plus souvent de transporter uniquement le coffre.
Malgré la capitulation des Arabes en Espagne en 1492 on continue à ressentir l’influence islamique dans l’ornementation :
- après 1492, les artisans musulmans toujours en activité en Espagne développent le style mudéjar. Le mobilier est incrusté de petits morceaux de bois, de nacre, d’os ou d’ivoire reprenant les motifs d’étoiles, de fleurs et d’arabesques de l’artisanat islamique. Ce décor répétitif et très géométrique est parfois souligné d’un fin filet de bois, le laceria.
- vers le milieu du XVI° siècle, apparaît un style décoratif appelé plateresque aux motifs antiquisants de grotesques, de guirlandes ou de médaillons qui rappellent le travail d’orfèvrerie. L’influence italienne n’est pas très loin. Ce style plateresque est fréquemment mêlé à la géométrie des étoiles et des damiers mudéjar.
Dans le même temps on introduit des sculptures rapportées (souvent de buis) sous forme de colonnettes, de médaillons qui tranchent sur un fond de velours rouge. Les verrous et les poignées latérales sont mis en scène de façon analogue sur fond de velours rouge.
- plus tardivement encore vers le XVII° siècle l’influence européenne italienne ou germanique gagne du terrain.
Le décor est l'ornementation
La région tolédane dont sont issus la plupart des bargueños a, on le sait, été pendant plusieurs siècles soumis à l'occupation mauresque.
De cette occupation ressort une influence évidente sur l'architecture et les arts décoratifs de cette partie de l'Espagne à laquelle on a donné le nom de mozarabe. Avec les faïences de Valence, c'est dans le Bargueño que l'on trouve le témoignage le plus intéressant de cet art : sobriété, voire même rigueur du décor extérieur, exubérance de l'ornementation intérieure en sont les caractéristiques. A telle enseigne que l'on a pu comparer ses meubles au palais islamiques.
Le piètement peut-être de deux sortes : meuble ouvrant à portes et à tiroirs "tarquillon", ou bien comme c'est ici le cas, table à arcatures et aux pieds torsadés dans laquelle on retrouve de façon surprenante le style des tables "à la Ducerçeau" contemporaines.
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